Association des anciens élèves du collège Sainte-Marie
Écussion officiel du collège Sainte-Marie
 AccueilPlan du siteChercherÉcrivez-nous   

  L'Association
     > La direction
     > Adhésion
  Quoi de neuf?
  Activités
     > Rencontres annuelles
     > Évènements spéciaux
  Membres et anciens
     > Liste des membres
     > Liste des anciens (contacts)
     > Index des anciens
     > Décès d'anciens
  Vie des Conventums
     > Les rencontres
     > Les responsables
  Bulletin des anciens
     > Répertoire des bulletins
  Bilans de vie
     > Bilans d'Anciens
  Histoire du collège
     > L'auteur
     > Extraits choisis
  Souvenirs
     > L'écusson du CSM
     > Photos de classe
     > Mosaïques de conventums
     > Football CSM 1960-1968
     > Éducateurs
     > Du Sainte-Marie à l'UQAM
     > Textes et photos d'hier

PUBLICATION du roman de LOUIS MICHEL GRATTON, C. 65

2018-08-30


 

« Illusion de pouvoir »

Notre confrère Louis Michel Gratton, C. 65, est un spécialiste du financement d’entreprise et a mené carrière dans le monde des affaires. Très impliqué dans sa communauté, il a aussi un intérêt très marqué pour la politique, et a entre autres été maire de Saint-Lambert, préfet de la MRC de Champlain de même que membre du Groupe de travail sur Montréal et sa région.

 
Également passionné pour l’écriture, Michel a publié en décembre 2017 Illusion de pouvoir, le troisième roman de la série Montréalie qui nous transporte dans les coulisses du monde politique. Alors que son premier roman, Le testament d'Eusèbe, décrivait l’influence des groupes de pression sur le monde politique, le second, Le candidat, nous plonge au beau milieu d’une campagne électorale à Montréal. Ce troisième roman, Illusion de pouvoir, présente les péripéties du personnage principal qui devient le maire de Montréal.


Pour notre intérêt et curiosité, Michel nous souligne qu’une des scènes de Le testament d’Eusèbe se déroule durant une visite du Gesù, scène que nous reproduisons ici.

_________________________________________

Extrait du roman Le Testament d’Eusèbe, Chapitre 21 « Distractions »


Mise en situation : Maxime Beaubien, le personnage principal, revoit l’actrice Catheryne Leclaire avec qui il vient de rompre une relation de longue date.


Le conseil d’administration du théâtre Multimonde se rencontre une fois par mois durant la saison théâtrale dans l’une des salles du Gésu sur la rue Bleury. J’ai été nommé à ce conseil sur la recommandation de Catheryne, à titre de représentant du public, un poste honorifique qui donne bonne conscience et belle figure aux dirigeants du théâtre, surtout lorsque vient le temps de demander des subventions à Québec.

Au cours des derniers jours, j’ai pris la décision de donner ma démission. La raison officielle : j’ai accepté la présidence d’une fondation et cette nouvelle responsabilité jointe à la présidence du Cercle de la Montréalie ne me laisse pas suffisamment de temps à consacrer à la troupe. Traduction libre : parce que j’ai mis fin à ma relation avec Catheryne. Mon scénario est élaboré; j’ai une explication plausible; je suis prêt pour la réunion. La réunion s’est déroulée rondement et ma démission a été acceptée avec les remerciements d’usage.

Après la rencontre, il est à peine dix-sept heures trente, trop tôt pour aller souper. Catheryne me propose d’aller voir une exposition de sculptures contemporaines présentée dans l’une des salles d’exposition du Gésu.

La visite n’est pas un succès : il n’y a qu’une quinzaine d’œuvres et aucune ne me plaît. Je possède quelques pièces que j’ai achetées au cours des années parce qu’elles plaisaient à mon sens esthétique, mais je suis loin d’être un connaisseur. D’ailleurs, j’aurais de la difficulté à expliquer pourquoi ces œuvres particulières dont j’ai fait l’acquisition m’ont plu. Après à peine trente minutes, nous avons terminé notre visite. Je sens que Catheryne est nerveuse et qu’elle a la tête ailleurs. Il est encore trop tôt pour aller souper et je lui propose :

« As-tu déjà visité l’Église du Gésu à l’étage supérieur? »

En entrant dans l’église, je m’arrête un bref instant, frappé par la majesté des lieux. Catheryne trempe le bout des doigts dans le bénitier et fait un signe de la croix. Je fais de même, de vieux réflexes du passé. Je ne pratique plus, Catheryne non plus, mais l’Église a déjà fait partie de nos vies et il en demeure quelques vestiges dans notre bagage psychique.

Je prends Catheryne par le bras et, à voix basse par respect pour les deux personnes que je vois agenouillées à l’avant, je l’invite à me suivre :

« Viens, je veux te montrer une statue qui fait partie de mes souvenirs de jeunesse. »

Elle me suit sans dire un mot et je m’arrête devant un autel bordé de nombreuses plaques de marbre en reconnaissance à Notre-Dame de Liesse. Je lui explique :

« C’est la chapelle Notre-Dame-de-Liesse et sa célèbre statue. Eusèbe, il était encore jésuite, m’avait amené ici pour me montrer cette statue. J’avais une douzaine d’années, je dévorais les livres sur les chevaliers de la Table Ronde et j’étais un adepte du jeu de donjons et dragons.

Cette statue de la Vierge avec l’Enfant-Jésus sur les genoux a été placée ici en 1877 par les Jésuites et contient les cendres d’une autre statue de la Vierge qui a été brûlée pendant la Révolution française. La légende veut que la statue originale ait été donnée par la Sainte-Vierge elle-même à trois croisés en 1134. »

Un moment de silence pour donner à Catheryne le temps de digérer ce que je viens de lui dire.

« Cette statue a été longtemps considérée comme l’un des biens les plus précieux de l ‘Église du Canada et cette petite chapelle était un lieu de pèlerinage pour des milliers de fidèles. Lors de la visite, Eusèbe m’avait discrètement indiqué une dame qui vouait une telle dévotion à Notre-Dame de Liesse qu’elle venait tous les jours à l’ouverture vers six heures trente et passait la journée à dire son chapelet devant la statue. »

Catheryne, toujours à voix basse, réagit :

« Un peu folle, non? »

« Tu sais, la foi. »

Catheryne se dirige vers un présentoir de lampions et me demande :

« As-tu une pièce de deux dollars? Je veux faire brûler un lampion pour ma mère. »

Je lui donne une pièce qu’elle dépose dans le présentoir et je la vois chercher les allumettes pour allumer son lampion.

Je lui place une main sur l’épaule et, de l’autre, lui indique que les lampions sont électriques et qu’ils s’activent en pressant un bouton rouge placé sur le couvercle.

Catheryne, à voix basse, me glisse à l’oreille :

« Est-ce que c’est aussi efficace qu’un vrai lampion? »

« Cela me surprendrait. »

« Viens, partons. Les vieilles églises, avec toutes leurs statues de saints me donnent la chair de poule. »

« Si tu n’aimes pas les statues, il y a pire. Viens, suis-moi. »

Nous traversons l’allée centrale de la nef et je la vois faire une génuflexion. Je me surprends à chercher la lampe du sanctuaire pour voir si elle est allumée. IL est là. Je fais aussi une génuflexion. On ne sait jamais.

Je la dirige devant un autel dominé par trois statues de martyrs canadiens. Devant l’autel, un reliquaire. Nous nous approchons. Catheryne me regarde, grimace et demande :

« Des vrais? »

« Je suppose. »

Le reliquaire contient des ossements de Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant et Charles Garnier, des martyrs tués par les « méchants » Amérindiens.

Catheryne s’éloigne et me lance :

« Allons souper. »
…………………………………………

 

 

 
        
 

L'Association | Articles et nouvelles | Activités | Membres et anciens | Vie des Conventums |
Bulletin des anciens | Bilans de vie | Histoire du collège | Souvenirs |
 
Accueil | Plan du site;ProdOVH  | Chercher | Écrivez-nous |

Copyright © Association des anciens élèves du collège Sainte-Marie (2004)