En octobre dernier se tenait la célébration du centenaire d’une institution fondée par un de nos anciens, Albert Prévost (conventum 1901) : l’Hôpital en santé mentale Albert Prévost.
Pour souligner cette célébration, notre confrère Jacques Monday, C. 60, a publié un article intitulé "Un hommage à Albert Prévost, C. 01 et à son oeuvre" dans le numéro de novembre 2019 du Bulletin des anciens (p. 10).
Lors de la Soirée de gala couronnant ces célébrations du centenaire, plusieurs membres du personnel hospitalier et médical ont contribué comme présentateurs aux activités scientifiques et comme artistes, dont Jacques. Nous reproduisons ici le texte en alexandrins qu'il a "pondu" et ensuite lu le soir du 4 octobre 2019, soir de "Gala sous le Grand Chapiteau" au bord de la Rivière des Prairies.
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Par là
L`Histoire de l’Hôpital Albert Prévost … en vers
Un quatre Octobre 2019
Si vous passez par là, c’est près d’une rivière
Rivière de prairies, à l’eau douce et amère.
Elle y coule abondante, elle y coule à grande eau
Va mourir en son fleuve, te me le rend plus beau.
Par là, une grand’maison, un manoir, un château,
Qui, il y a cent ans fut changé en HOSTO,
Pour écoute et trait’ment des symptômes mentaux
De malades souffrant et « pas bien » dans leurs peaux,
Par un vaillant « docteur », spécialiste en neuro.
On lui donna son nom : celui d’ALBERT PRÉVOST,
Ancien du « Saint’-Marie », un collège « jésuite ».
En hérita, ma foi, l’art de la réussite.
Presqu’sitôt avec lui, une bonne personne,
Une femme, bien sûr, de cell’ qui se façonne
A savoir donner soins et à savoir garder
Des malades « en besoin » : dame Charlott(e) Tassé.
Cette femme à son bras et… non pas à son cou
On peut dire, ma foi, que ça l’aida beaucoup.
Vous aurez bien compris qu’elle était son bras droit
Et qu’sans elle, on n’sait si tout s’rait allé de soi.
D’abord SANATORIUM, une premièr(e) mouture
De ce qui voulait dire : « établiss’ment de cure » :
« SANATORIUM PRÉVOST » vocables répandus
Pour: « maison de repos» bien sûr, bien entendu.
« Sanatorium Prévost dit : maison de repos.
Aux confins de notre île et tout au bord de l’eau. »
La vue y est superbe, et on sait voir « plus loin »
Et si on s’y attarde, on peut … s’y sentir bien.
S’y repose-t’on vraiment? Ou si on y travaille?
Recomposer un tout; se remettre sur rails
Recoudre déchirure en des âmes fragiles
Qui ont vécu des drames ou blessures hostiles,
Des abandons sans fin, des dissociations
Qui font que le réel n’est plus qu’une fiction,
Et qu’on ne sait plus trop dans quelle direction
On doit se retourner pour r’trouver sa raison.
Tout ça c’est du travail, pas facile, et ardu,
Mais ça vaut bien sa peine si on atteint son but.
Où suis-je? Qu’y suis-je? Où vais-je?... Et avec qui?
Aidez-moi, s’il vous plait, à m’aider, je vous prie.
La grand’tante Delphine y fit déjà séjour.
Du proche Parc Belmont avait trop fait le tour.
Était toute étourdie; ne savait plus ni l’ jour…
Ni l’lieu où elle était, … ni ce qu’il fallait pour
Se retrouver sur terre en un bon équilibre
Et repartir voguer, seule, en un monde libre.
Elle y séjourna peu mais y séjourna bien.
Elle en sortit guérie et n’y retourna point.
Le bon docteur Langlois et le docteur Saucier
Avec un bon nursing avaient su remédier.
Un peu plus tard ce fut la tante Rose-Anna.
Qui, elle, avait voulu passer d’vie à trépas.
Pour une première fois, cela n’est pas coutume
El(le) s’en sortit fort bien et sans trop d’amertume.
Mais c’est en INSTITUT, elle, qu’elle a dû aller,
L’hosto ayant changé son nom pour se nommer :
Établiss’ment d’recherches et d’enseignements
Les temps avaient changé, les idées pareill(e)ment
Y faut êtr’de son temps aurait-on dit dans l’temps
C’est c’qu’institut, veut dir’ : c’était plus signifiant.
C’est le docteur Lemieux, Roger, de son prénom
Avec un bon nursing qui la r’mirent « en fonction »
« Établiss’ment pour cure et rétablissement.
Établiss’ment d’recherches et d’enseignements …
« Établissement pour les rétablissements »…
Ca demeure un hosto avecque des patients
Qui y entrent bien sûr pour en sortir un jour,
Améliorés, guéris, le cœur un peu moins lourd
Du fardeau de leurs peines, qu’elles soient « peines d’amour »
Grands chagrins de leur vie ou bien peines … tout court.
Quelle que soit la souffrance, elle sera écoutée
Comprise en entrevue et mieux interprétée
Et si on a questions qu’on voudrait bien poser
On le fait tout de go, y a pas à se gêner.
Les noms ont beau changer, l’esprit reste le même
Même si l’on s’amuse avecque des phonèmes.
Sanatorium? Institut ? Prévost que d’histoires
Qui ont fait de ton nom un lieu des plus notoires.
Il s’y passa des choses, parfois … ostentatoires
Qui, quand on les raconte, c’est difficile à croire.
Les tours qu’les résidents jouaient à leur patron
Témoignant d’un esprit, d’un humour de bon ton.
Et que les infirmières jouent parfois aux docteurs
Sans jamais qu’ces derniers ne leur gardent rancœur
Témoignant par des mots ou des chants bucoliques,
Que les gens de Prévost … ont un esprit d’équipe.
Je vous invite, ce soir, à vous en raconter
Ça vous fera revivre des moments de gaieté.
La décennie soixante, à 4 ans d’ses débuts
Fut l’objet d’un r’nouveau, d’un presqu’inattendu
Et sans trop crier gare, une petite maison
D’une couleur tout rouge et sans trop de pignon
Sut ouvrir aux enfants qui sont parfois souffrants
Un lieu hospitalier d’écoute et de trait’ment.
La pédopsychiatrie était à ses débuts
Toujours sur notr’terrain, mais plus près de la rue.
Les enfants, les ados ont droit d’être écoutés
Quand leur souffrance est telle qu’elle doit être soignée.
1964, avec Camille Laurin,
De l’Université, on trouve le chemin.
Et on y fera route, et on ira par là
Autant qu’on le souhaite, et tant qu’on le voudra.
Et puis, huit ans plus tard, il y eut la fusion.
Avecque Sacré-Cœur, on prit nom : PAVILLON.
Sanatorium, Institut et maintenant : pavillon.
Dis-moi donc Albert as-tu toujours ton nom?
Es-tu toujours « Prévost » avecque ton prénom?
Avec ces changements, ça porte à confusion.
Et si mon oncle Antoine doit y séjourner
Y sera-t-il toujours, lui aussi, bien soigné?
Il a dû y aller et c’est docteur Doucet
Qui l’a reçu et qui l’a pris à son chevet,
Qui s’en est occupé et l’a remis sur pied
Avec un bon nursing toujours aussi dévoué.
De l’ergothérapie, de la psychologie
Et bien d’autres vocables qui finissent en « logie »,
Et du travail social dont il a su user
Pour reprendre sa route, recouvrer sa santé.
Les approches ont changé, le fonds reste le même
Et on y est aimé quelque soit son problème.
Sanatorium, Institut, Pavillon : ben voyons!
On parl’ de toé, Albert, un Albert qui prévaut
Et prévaudra longtemps tant que nous y serons
Portant ton étendard toujours plus loin, plus haut.
En dev’nant Pavillon et en s’associant
Avecque Sacré-Cœur, on a eu des enfants.
On a proliféré quand trois de nos confrères
Sont allés y fonder comm’ça … lalalalère
Le meilleur des services qu’on puisse imaginer
La PsychoSomatique … il fallait y penser.
Mettre des psychiatres parmi des chirurgiens
Et bien d’autres méd’cins « boumbadaboum soinsoin » …
C’était semer sa graine pour pas dire l’bon grain
Parmi savants collègues, ne s’y attendant point.
Te me les amener à ouïr et écouter
Tous leurs patients, ma foi, d’façon plus éclairée.
Et ce fut Henri-Paul, un Villard de son nom
Qui en fut premier chef et en donna le ton.
Je fais ici une pause, trop forte, l’émotion
Je risquerais, ma chère, on n’sait, … la pâmoison.
Quelques années plus tard Prévost peut se vanter
D’avoir clinique externe, nous étions les premiers,
En un domaine, ma foi, à ne pas négliger
Celui très important de la personne âgée.
Et la gérontopsy, chez nous s’est amenée
Sous les auspic(es) du bon docteur Bernard Gauthier.
Avec lui, il y a eu … je n’ose tous les nommer
De bien savants collègues … et vous les connaissez
Qui ont su, savent encor’ et sauront pour longtemps
Approcher et soigner bien de nos vieilles gens.
Aujourd’hui, ça s’appelle enfin … un hôpital :
« HÔPITAL EN SANTÉ MENTALE ALBERT PRÉVOST »
Ça reprend son vocable premier et principal.
Il était temps. Cent ans. Albert Prévost : bravo!
Nous sommes CENTENAIRES, on ne le dirait pas!
A nous voir danser et swinger ! Qui croirait çà?
Pourtant, nous sommes là et le serons longtemps
Tout l’temps que nous aurons et le goût et l’allant
De pouvoir entrevoir et pouvoir écouter
Avecque bienveillance et puis … neutralité
Les misères du monde qu’on voudra bien nous dire
En espérant aller un peu mieux … « pas trop pire ».
Mesdames et messieurs, la fête continue
Et allons-y par là, jusqu’à-z-heures indues.
Jacques Monday, C. 60
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