Homélie prononcée par Bernard Bélair,
s. j.
à l’occasion de la fête annuelle de l’Association
des anciens élèves, le 5 mai 2003
Chères consœurs et chers confrères,
Cette fête annuelle des anciens et anciennes du Sainte-Marie
est une occasion de rencontres, de réjouissances et d’échanges
de précieux souvenirs. Et, nous débutons nos festivités
dans cette église patrimoniale du Gesù qui fut avant
tout la chapelle des élèves du collège. De
cette chapelle, nous gardons le souvenir des litanies du samedi
après midi, des quarante heures, de nombreuses messes et
d’éloquentes prédications.
La liturgie d’aujourd’hui nous rappelle que nous sommes
toujours dans la mouvance de Pâques avec Étienne qui,
dans la première lecture, témoigne de sa foi en Jésus
ressuscité, et l’évangile nous situe après
la multiplication des pains et amorce le discours de Jésus
sur le pain de vie. Jésus vient de nourrir une foule nombreuse
avec quelques pains et quelques poissons. Cette foule veut faire
de Jésus un roi. Mais Jésus renvoie la foule et se
rend de l’autre côté du lac avec ses disciples.
Mais, hélas, la foule l’attend. Nous pouvons nous demander,
qui est cette foule, pourquoi suit-elle Jésus ? Jésus
répond à cette question : « Vous avez mangé
du pain à satiété. » Mais, cette foule
n’a pas compris la signification profonde de ce signe, c’est-à-dire
que Jésus lui-même est le pain de vie.
Arrêtons-nous quand même quelques instants à
cette foule. Je crois qu’une bonne partie de cette foule est
composée de chercheurs, chercheurs de sens à la vie,
chercheurs de d’un Dieu que la religion officielle a rendu
si inaccessible par une multitude de lois et de préceptes
que seuls des spécialistes peuvent s’y retrouver et
encore ! Ces gens sont peut-être aussi en quête d’une
expérience spirituelle authentique et d’une certaine
cohérence entre le discours religieux et la vie de tous les
jours ?
Même si la motivation pour suivre Jésus peut nous
sembler quelque peu terre à terre, ne la méprisons
pas. C’est un point de départ dans un cheminement,
dans une quête de sens. Dieu nous rejoint là où
nous sommes, lorsqu’il nous invite à le suivre, à
faire un bout de chemin avec lui. Dieu, en Jésus ne nous
assomme pas avec une multitude d’exigences. Les exigences
de Dieu ne sont pas multiples, l’unique œuvre qu’il
exige comme réponse à son appel est la foi en celui
qui l’a envoyé. La foi n’est pas d’abord
croyance en des vérités immuables ou des dogmes, c’est
d’abord une adhésion à une personne qui nous
propose son amour. Avons-nous peur de nous laisser aimer de Dieu
?
Ce Dieu, en Jésus, nous invite à le suivre sur le
sentier des Béatitudes : Heureux les pauvres, heureux les
artisans de paix, heureux les doux… cela nous ramène
à l’évangile d’aujourd’hui où
Jésus nous dit : « L’homme ne vit pas seulement
de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Ce discours des Béatitudes et du pain de vie est évidemment
en opposition flagrante avec les valeurs de notre société
où la productivité à tout prix est reine et
où les non productifs sont marginalisés, qu’ils
s’agissent d’individus ou de nations. Cela engendre
les inégalités sociales et internationales sources
de conflits permanents. Au fond, les Béatitudes et le discours
du pain de vie nous proposent en termes plus modernes : la solidarité
et le partage. Si nous faisions le pari de donner une chance à
Dieu en empruntant ce chemin qu’il nous propose. Notre association
fait un pas en ce sens en honorant chaque année un ancien
ou une ancienne qui s’est illustré dans l’action
communautaire. Action réelle qui améliore la vie de
nos concitoyens et concitoyennes.
Nous allons maintenant célébrer l’Eucharistie,
demandons au Seigneur, qu’il ouvre nos yeux et nos cœurs
à l’invitation qu’il nous fait de le suivre sur
le chemin de la solidarité et du service des autres. Remercions-le
aussi de tout ce que nous avons reçu de Lui depuis notre
dernière rencontre. Amen.
Bernard Bélair, S.J., C. 60
Conseiller de l’Association des Anciens
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