Homélie prononcée
par Bernard Bélair, s. j.
à l’occasion de la fête annuelle de l’Association
des anciens élèves,
le 3 mai 2004
Chères consœurs
et chers confrères,
Chaque rencontre des anciens
est une occasion de retisser des liens avec des amis et aussi avec
des lieux que nous avons jadis fréquentés, comme par
exemple cette église. Dans ce temple, nous avons participé
à des eucharisties, entendu des sermons que nous appelons
aujourd’hui des homélies, suivi des retraites et bien
sûr chanté les litanies du samedi après la composition.
Nous avons donc entendu parler à plusieurs reprises de Jésus
Christ. Ce Jésus, nous avions peut-être l’impression
de presque tout savoir sur Lui et souvent il est devenu soit un
modèle à suivre, ou encore quelqu’un qui n’avait
pas grand-chose de neuf à nous apprendre dans la vie que
nous avions à vivre chaque jour. En somme, nous avons pris
nos distances.
Nous sommes peut-être comme
Philippe dans l’évangile d’aujourd’hui
qui demande à Jésus : «Seigneur, montre-nous
le Père; cela nous suffit.» Et Jésus de répondre
: « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me
connais pas Philippe ! » Au fond, Philippe aurait voulu que
Jésus accomplisse un signe extraordinaire révélant
le Père. Signe qui lui aurait épargné un acte
de foi en la personne de Jésus. Philippe était toujours
avec Jésus et il n’a perçu Jésus qu’à
un premier niveau, celui de prophète, ou d’homme exceptionnel
mais pas au second niveau de Fils de Dieu, égal au Père.
Ce dialogue entre Philippe
et Jésus me parle beaucoup et il m’invite à
poser un regard neuf sur Jésus, en mettant entre parenthèse
tout ce que j’ai pu entendre dire de lui depuis des années.
Jeter un regard neuf sur Jésus, c’est prendre contact
avec sa Parole c’est-à-dire l’évangile,
prendre le temps de le méditer et de contempler les scènes
des évangiles, afin de faire une expérience de rencontre
avec le Seigneur. Dans ses Exercices spirituels, saint Ignace de
Loyola recommande au retraitant lorsqu’il contemple une scène
de l’évangile de demander la grâce d’une
connaissance intime de Jésus Christ afin de mieux l’aimer
et le suivre. Ignace croyait à la force de la contemplation,
nous devenons ce que nous contemplons. Les agences de publicité
ont bien compris cela. Une image vaut mille mots.
Ayant revisité
l’évangile et fait l’expérience d’une
rencontre avec le Christ, c’est alors que notre vie prend
un nouveau sens et que nous pouvons développer un agir en
conformité avec ce que nous avons contemplé du Verbe
de vie. Par le passé, n’avons-nous pas trop insisté
sur les lois, la morale qui sont de bonnes choses en soi mais à
la condition de découler d’une expérience spirituelle
authentique, d’une rencontre avec le Seigneur. Beaucoup de
nos contemporains sont en quête d’expériences
spirituelles authentiques, de communion avec le sacré et
cela par le médium de l’art sous toutes ces formes
et de communiquer cette expérience à travers leur
art.
Aujourd’hui, dans
cette Eucharistie que nous célébrons ensemble, demandons
au Seigneur, qu’il nous fasse le regarder et l’approcher
avec un regard neuf avec une foi nouvelle afin que nous soyons pour
notre monde des fils et des filles de lumière, des hommes
et des femmes pour et avec les autres. Que nos rencontres soient
des occasions de témoigner de notre solidarité avec
tous ceux et celles que nous accompagnons au cours de notre vie.
Amen.
Bernard Bélair, S.J., C. 60
Conseiller de l’Association des Anciens
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