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L'auteur
Jean Cinq-Mars a fait le début de son cours classique chez les Franciscains. Il a poursuivi ses études au collège Sainte-Marie, de Belles-Lettres à Philosophie II, avec option en histoire. Il a ensuite terminé un baccalauréat spécialisé en administration. Après plusieurs années sur le marché du travail, il a complété une maîtrise en 1992 et un doctorat en littérature comparée en 1996.
Bref résumé d'une longue histoire
L'histoire du collège Sainte-Marie s'étend sur une période de 120 ans, soit de 1848 à 1969. Deuxième collège classique établi à Montréal, il a été dirigé par 27 recteurs différents, depuis le fondateur, le père Félix Martin, jusqu'au dernier, un laïc, M. Paul-Émile Gingras.
Amorcée en 1849, la construction du collège est terminée en 1855. Puis on entreprend l'édification de l'église du Gesù dont les coûts sont tellement élevés qu'ils provoquent presque, en 1870, la faillite et la fermeture du collège. Mais la Providence veille, et les dons de riches citoyens de même que l'augmentation des inscriptions ont vite raison de cette crise financière.
Les débuts sont fort modestes. En 1848,dans la petite maison de bois de la rue Saint-Alexandre, il n'y a au total que 65 inscriptions, incluant les abandons et les ajouts en cours d'année. La progression de la clientèle sera cependant constante par la suite et elle dépassera les 4000 élèves dans les dernières années du collège. Jusqu'en 1900, l'enseignement se donne en français et en anglais, car il y a presque autant d'élèves de chacune des deux langues. C'est à partir de 1896 que le secteur anglais est graduellement transféré à Loyola, faute d'espace suffisant au Sainte-Marie. Pour la même raison, en 1927, le collège Brébeuf est fondé pour accueillir les
pensionnaires qui formaient jusqu'alors la majorité des élèves. Une dernière mutation importante de la clientèle du collège se fera à la fin des années 60 à cause de trois facteurs : l'abandon du cours secondaire au profit d'un système d'options de type universitaire, l'entrée massive après 1966 des femmes à l'intérieur des vieux murs du collège, et l'explosion spectaculaire des inscriptions aux cours pour adultes.
Outre les préoccupations d'ordre matériel et pédagogique, deux questions majeures retiennent l'attention et l'énergie des autorités du collège dans la seconde moitié du XIXe siècle. La première concerne le problème de la disposition des biens des Jésuites qui avaient été confisqués par le gouvernement au lendemain de la conquête. Cette question est finalement réglée en 1889 par l'octroi d'une maigre compensation financière, mais aussi par l'obtention du privilège, pour les collèges jésuites, d'avoir une complète autonomie quant aux examens requis pour l'obtention du baccalauréat ès arts décerné par l'Université.
La deuxième question se lie naturellement à la première : il s'agit de la lutte engagée par la direction du Sainte-Marie pour obtenir un véritable statut universitaire ; ce combat prend son origine dans les intentions mêmes du fondateur, le père Martin, et de son protecteur, Mgr Ignace Bourget. Cette lutte des Jésuites contre l'université Laval, puis contre sa succursale montréalaise, se joue aussi bien au Québec qu'à Rome, et elle perdurera jusqu'à la fermeture en 1969, alors que la majorité du corps professoral sera intégré à la nouvelle université du Québec.
Une histoire du Sainte-Marie ne serait pas complète sans qu'on y donne un bon aperçu du type d'enseignement qui a été dispensé et de l'esprit bien particulier qui animait la vie du collège. Ces deux caractères provenaient à la fois du leadership de ses recteurs et de ses professeurs, des programmes d'études fondés sur le Ratio studiorum des Jésuites, ainsi que des nombreuses activités parascolaires qui offraient à tous les élèves l'occasion de se détendre, de s'exprimer, de se valoriser. Par son rayonnement et celui de ses anciens élèves, le collège Sainte-Marie a influé sur l'histoire de la ville de Montréal, de la province de Québec et du Canada tout entier. C'est un peu ce que cette publication veut illustrer : puisse-t-elle réussir à vous intéresser.
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